Parachat Ki Tissa  L’obstination, une qualité !  

Moché remonte sur le Har Sinaï, pour demander cette fois-ci à Hachem de bien vouloir pardonner aux Bné Israël la faute du veau d’or, et pour recevoir d’autres tables de la loi à la place des premières qui sont brisées.

Hachem répond favorablement à sa requête, et lui annonce qu’il a pardonné, et qu’Il ne les punira pas en exterminant tout le peuple, comme Il l’avait pensé au départ.

Néanmoins, la faute commise entache le degré spirituel des Bné Israël, c’est pourquoi Hachem déclare : ‘’Voici mon ange qui marchera devant toi’’ (Exode, 32, 34), et Rachi explique : ‘’Mon ange, et pas Moi’’. C’est-à-dire que le peuple ne peut plus prétendre mériter l’escorte personnelle d’Hachem dont il bénéficiait au préalable. Ce sera dorénavant un ange qui remplira cette mission.

Moché, qui cherche toujours le bien des Bné Israël et tente de les blanchir, décide de ne pas baisser les bras. Il demande à Hachem une faveur : qu’Il continue à marcher Lui-même avec les Bné Israël, comme avant  la faute. Pour cela, Moché avance un argument étonnant : ‘’parce qu’il s’agit d’un peuple obstiné’’.

Surprenant.

L’obstination des Bné  Israël, leur difficulté à baisser la nuque et à accepter le joug divin, est justement la cause de l’éloignement d’Hachem et de sa décision d’envoyer plutôt un ange. Hachem Lui-même déclare à Moché : ‘’J’ai vu ce peuple, il a la tête dure’’ (Exode, 32, 9), et c’est pourquoi on lit ensuite ‘’Je ne monterai pas avec vous, car vous êtes un peuple têtu’’ (Exode, 33, 3). Comment est-ce possible que Moché utilise donc ce trait de caractère du peuple pour le défendre : ‘’Qu’Hachem marche donc avec nous, puisque c’est un peuple têtu’’ ? Comment cet entêtement qui est propre aux Bné Israël, peut en même temps être ce qui a causé la faute, et ce qui amène le pardon ?

Nous allons rapporter l’explication du Maharcha à ce sujet, dans son commentaire sur le Talmud (Massekhet Beitsa, page 25, 2).
En réalité, Moché Rabbénou, notre avocat, dit à Hachem : il est vrai que les Bné Israël sont têtus, mais cet état de fait ne constitue pas une accusation contre eux. Au contraire, il sert de plaidoyer pour prouver qu’ils sont vaillants. Pourquoi ? Parce ce peuple va traverser l’histoire en connaissant des souffrances, des exils, des poursuites, des pogroms. Qu’est-ce-qui l’empêchera de sombrer ? Son obstination, justement ! Son entêtement à rechercher la vérité coûte de coûte, c’est ce qui maintient ce peuple, et le maintiendra tout le long de l’histoire… Quelle autre nation accepterait d’observer 613 lois ? Qui pourrait se tenir, droit et courageux, face aux tempêtes ? Seul ce peuple est capable de cela, parce qu’il est têtu, parce qu’il ne courbe pas l’échine facilement, parce qu’il est finalement prêt à s’obstiner jusqu’à mourir en récitant le ‘’Chéma Israël’’.

‘’Qu’Hachem marche donc avec nous, puisque ce peuple est têtu’’. C’est une qualité. Ce n’est que grâce à une certaine ‘’effronterie’’ qu’Avraham a pu découvrir la présence du Créateur du monde, a trouvé la force de contredire tous les idolâtres, et a donné naissance au peuple que nous formons aujourd’hui.

A présent, nous pouvons comprendre un autre passage. Lorsque Moché est descendu du Har Sinaï avec les tables de la Loi dans les mains, Yéhochoua lui dit : ‘’Des voix de guerre me parviennent du campement’’. Ce à quoi Moché répond : ‘’ Ce n’est pas un cri de puissance, ni de faiblesse, c’est un bruit d’affliction que Moi, j’entends’’.

Les Rabbanims qui suivent la voie du Moussar expliquent : Moché voit ce qui se passe et répond à Yéhochoua que, sans aucun doute, les Bné Israël vivront au courant de l’histoire, de nombreuses situations analogues, où ils seront dans le doute, le désarroi, les malheurs et les difficultés. Mais je vais t’apprendre, lui dit-il, comment il faudra aborder ces situations futures. ‘’Ce n’est pas un cri de puissance’’, car les Bné Israël ne peuvent pas compter seulement sur leur force. D’un autre côté, ‘’Ni un cri de faiblesse’’, il ne faut pas tomber dans le désespoir et la tristesse qui risquent de conduire l’homme vers des sentiers peu recommandables. Alors que doit-on faire ? ‘’C’est un bruit d’affliction que Moi, Anokhi, j’entends’’ : même dans ces périodes d’affliction, de brouillard, il faut toujours se rappeler le commandement de ‘’Anokhi Hachem’’, Je suis Ton D-ieu. Se rappeler qu’Il est présent, avec nous, à chaque pas.

Le peuple d’Israël a effectivement prouvé, à chaque génération, qu’il peut se montrer très entêté lorsqu’il se retrouve face au risque d’extermination. Il a montré à tous qu’il reste ferme et  fidèle à sa foi.

Cette idée est aussi vraie pour chacun de nous. Nous la retrouvons dans la première Halakha du Rama dans le Choul’hane Aroukh : ‘’Chiviti Hachem lenegdi tamid, je place toujours Hachem en face de mes yeux – c’est une règle importante de la Torah… Et il ne devra pas avoir honte de respecter la Torah quand d’autres se moquent de lui’’. Le Rama s’adresse donc à tout juif, et lui demande de trouver en lui la force de l’obstination, pour se diriger dans la bonne voie.

C’est donc le plaidoyer de Moché pour les Bné Israël : ‘’Qu’Hachem marche avec nous, puisque c’est un peuple têtu…’’
 

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